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(Extrait de la nouvelle "Brume" parue aux éditions La Fontaine de Siloé)
Ce n'était pas comme dans les films. Pas d'ombre, pas de vent, pas de bruit inquiétant. Il ne faisait pas nuit et ses yeux ne luisaient pas. Pas d'éclat dans le noir qui vous fixe en attendant le geste de trop – ou une parole – pour un chaos. Je n'avais pas peur mais je me taisais toutefois. Deux ciels bleus m'interrogeaient sous un nuage de paupières. C'est étrange : un regard qui sourit. J'aime les moments entre deux, comme celui au réveil juste avant, juste avant le devenir humain. Juste avant cela, je traîne. Je rêve de mon plein gré et c'est quand je m'absous au réel que celui-ci me semble parfois rempli de sens et d'utilité. La pesanteur des minutes n'existe que pour moi. Il faut certainement s'y barricader. Ma fratrie se souda autour de la fidélité des loups. Nous étions une meute et nous nous protégions. Face à l'adversité, nous faisions clan pour ne pas être fragiles car nos cœurs vivaient en réalité à l'étroit, seuls parmi les autres. Nous n'en parlions pas. Les cicatrices n'ont pas besoin qu'on les regarde, disait une devise du clan. Avant mon départ, ils m'offrirent une boîte à l'intérieur de laquelle nous avions enfermé nos rires. Il suffisait de l'ouvrir pour laisser l'esprit se perdre dans leurs gueules de loups. Je fus, en l'honneur des miens, fière et solitaire. Quand je suis partie nous n'avons pas pleuré.
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Daily there are
Pretty dark bells
Filling void in you
They bring me here again
The silver lights are down
and the hippy don't funk
A man isn't square
He's just hiding in the air
Once upon a time
I was blue by in my town
I bought a beer for a bear
But he said he wasn't there
I said hey my rubans
are not for those who run after
So he took me back to nowhere
Looking for noises you can't hear
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3. |
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Et c'est la pluie qui tombe
Et le monde qui s'effondre
Puise mes forces et puis s'en va
Sauf qui peut et sauve de toi
On s'en allait sur les coussins
Tu te souviens ?
Tu disais « viens »
Il n'y avait pas d'ailleurs
Pas d'orage à l'intérieur
Et c'est la pluie qui tombe
Un parent lentement mourant
Une photo sur l'étagère
J'ignore le pourquoi, le comment
Et c'est toi sur ton vélo
Sur le bitume trempé
Et c'est toi sur ton nuage
Quelque part sur l'oreiller.
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4. |
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Dans mon bateau
Il y a la mer
Des cachalots
Un ouragan
Il y a des gens
Des gens qui passent
Dans le couloir
Et dans mes draps
Mes draps sont blancs
Comme les nuages
Qu'on voit comme
Quand on est sous l'eau
Le cœur à l'envers
Dans mon hiver
J'ai du soleil
Et des bibelots
J'ai un voilier
Qui prend l'écume
Qui prend les gens
Et le vent dedans
On perd le nord
Et c'est tant mieux
Car mon bateau
N'a pas de port
On continue
Avec la foule
Des souvenirs
À rire beaucoup
Je sais pas pourquoi
Dans mon bateau
Il y a la mer
Et l'ouragan
Dans mon bateau
Il y a la mer
Des cachalots
Un ouragan
Il y a des gens
Des gens qui passent
Dans le couloir
Et dans mes draps
J'irai un jour,
Aventurière,
Mettre sous verre
Un ouragan
Le cœur à l'envers
Dans mon hiver
J'ai du soleil
Et des bibelots
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5. |
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À son corps d'albâtre on aimerait tenir chaud
Dans ses yeux de jade on pourrait faire du bateau
Il a tout un régiment prêt à me passer devant
La folie et le grain c'est joli. Des épis, je me suis éprise
Mon conquistador n'est pas un intello
Il sait que je l'adore malgré son petit cerveau
Mais je l'ai vu au régiment suivre le cri de ralliement
La folie et le grain c'est joli. Décrépit c'est certain mais j'oublie.
Invincible idiotie, tu me fais, je l'avoue, perdre vents et marées.
Mais chéri, au Chili on irait s'il n'était ton abyssale ineptie. Rends ton calot, prends ces galets et allons faire des ronds dans les eaux de tes yeux menthe poivrée. Ma folie et ton grain, on ira, ou pas, au-delà...
Il faut sûrement des yeux plus grands pour faire des ricochets – des ronds parfaits.
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6. |
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Je voudrais
s'il te plaît
un monde sans couleur
un monde sans saveur
pour une fois
pas de joie
donne-moi
un peu de froid
un peu moins de toi
laisse-moi, sauvage,
défaire mes yeux
de ce naufrage
Je voudrais, pourquoi pas, être en apesanteur
voler laisser couler le fleuve déjanté des gens cernés
tout autour de nous ils crient jamais jamais jamais toujours sans écho
tout autour de nous ils crient jamais jamais jamais toujours sans écho
pour une fois
pas de joie
et pour moi
un peu de froid
un peu moins de toi
laisse-moi, sauvage,
défaire mes yeux
de ce carnage
Je voudrais
ami vagabonder un peu
je ne sais
rien faire si ce n'est rêver d'une lettre
entre douleur
et douceur
pour un shoot une trêve
vivre l'anesthésie moderne
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7. |
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Femme de sang pour hommes de rang
Dans mon pays originel soudain tu me plies
Et quand je cris, tu ris.
Tu vides ma chair de chacun de mes os
Tu prends mon corps comme un pays,
Un pays en guerre
Je suis à terre
Ma peau se perd en lambeaux, en écorces
Je me déchire
Le sang l'emporte
Et je disparais
Il n'y a plus de sève
Il n'y a plus rien
On ne sent plus rien
La foule des envahis
hurle pendant qu'on incendie mon pays
Comme tu me paralyses, je m'absente
Je me tais
Les femmes de tous les temps sont là
Elles me regardent et m'attendent en bas, sous terre
Mères, sœurs, grands-mères
Je retrouve dans le noir la terre des humiliées
Mon corps-pays recroquevillé,
Sali. Je poursuis ma dignité
Je n'ai plus de frontières
Plus de corps
Je suis traces, errances, murmures, poussières
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8. |
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Fly away my dear
Take away your fears
And maybe today
The day that we will say
I see river passed
Until we were born
We wait under love
We wait under love
Fly away my fear
No time for more tears
And only tomorrow
Tomorrow we may see
How many days we had to loose
How many times we will be there
Again
How many days we had to loose
How many time you will be there
To
Fly away but see
The river never fear
And above the sea
Maybe you will find
Me
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9. |
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One night one mind
The wood of Mr Y
We say he is wise
No shadow no pity
He knows everything
But in the heart of night
The beast has no fight
Under a smiling tree
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10. |
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Mon fils mon fils
Dors si tu peux
Le monde est à quitter
À la lisière d'une vie
Tout laisser ici
Une existence graphique
Je fuis donc je suis
Écrire une embellie
Dors mon ange
Va embrasser les feux
Trois mois, tu vois
C'était hier, je crois
Marche enfin
Et cris-le dans la rue
Avec les os de l'homme
Qui ne savait plus
Partir tout quitter
Et laisser derrière soi
Un tout petit tas d'os
Entre toi et moi
À la lisière d'une vie
Le monde est acquitté
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11. |
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Sur les chemins de Pierre
Aperçu ce matin
Une empreinte j'espère
en forme de pied humain.
Le pas sur le trottoir qui se balance balance
Et craque sous les dents
sitôt qu'on le mord.
Et derrière la butte aux morts
on a enterré les vivants
Ils resurgissent souvent
dès qu'il y a du vent
Passant passante à côté déviante
Des vies chantent si près de la mienne
J'ai vu courir, charmant, un fantôme
Troublant ?
Et au-delà des tombes
La folie du printemps
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12. |
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Un peu de vous monsieur s'il vous plaît
Un peu de vent si on osait
Apprivoiser un nouvel air pour jouer
À ne pas nous plaire
Entre nous pas de je vous promets
Embrassez bien qui vous voudrez
Il suffit de ne rien faire pour rester beau et seul et fier
Sentir le vent nous défaire
Même pas cap de jouer
À essayer de ne pas se taire
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Ces 12 chansons sont nées d'un travail initié en 2019 avec la danseuse, comédienne et metteure en scène Claire Trouvé. Elle y interprète ses textes, en alternance avec Mélanie Martel et Séverine Raibon. Comme à l'accoutumée, d'autres instrumentistes viennent ajouter leurs interventions amicales.
Cette page est l'endroit où vous pouvez écouter les titres en intégralité, les télécharger à prix libre et commander le CD.
NB : Cette musique est autoproduite. Les deux seuls moyens de la soutenir sont de l'acheter et de faire savoir qu'elle existe. Merci !
released December 28, 2022
Claire Trouvé / Séverine Raibon / Mélanie Martel : voix, chœurs
Benoît Blanc : Batterie, percussions
Laurence Créton-Cazanave : Alto (2)
Benoît Grelier : Violoncelle baroque (2, 4)
Pierre Horckmans : Clarinette basse (3, 10)
Camille Gineau (5) / Cécile Bontempo (10) : Chœurs
Antoine Strippoli : Guitare (5)
Rémi Petitprez ; Euphonium (6)
Chrystelle Blanc-Lanaute : Flûte traversière (9, 10)
Benjamin Croizy : Voix, claviers, basses, guitares, éléments de batterie, percussions, mélodica, samples, programmations, édition, bricolages, pinaillages et approximations
Mixé par Mikaël Lennoz
Masterisé par Roger Roland (
www.studiolair.be)
Pochette réalisée avec l'aide de Coline Zongo
Textes : Claire Trouvé sauf (5) : BC / CT
Musiques : Benjamin Croizy sauf (8) : BC sur une mélodie de CT
© 2022 À moins qu'il pleuve